Editeur: Matagot
Date de sortie: Octobre 2015
Auteurs: Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Illustrateur: Vincent Dutrait
Nombre de joueurs: 2
Durée: 20-30 minutes
Age: à partir de 8 ans
Essen arrive… avec ses centaines de nouveautés, dont énormément de jeux de gestion à base de cube en bois.
Avec mon complice Bruno Faidutti, nous avons fait un autre pari:
celui du jeu de … digestion !!!
En effet, le jeu met en scène l’affrontement d’un groupe de scientifiques avec une maman Raptor qui se dit qu’il serait quand même beaucoup plus simple de déguster ces délicieux intrus humain pour protéger ces petits. Si on peut joindre l’utile à l’agréable…
Raptor est un jeu à deux joueurs, asymétrique (c’est à dire que les deux adversaires n’ont ni les mêmes outils à leur disposition, ni les mêmes objectifs).
A la tête d’une escouade de scientifiques, le joueur « humain » devra tenter d’endormir la maman Raptor OU de capturer trois de ses petits.
De son côté, le joueur Raptor va s’efforcer soit d’éradiquer tous les scientifiques du plateau (MIAM !! jeu de digestion, on vous dit…) OU de réussir à faire s’enfuir trois de ses petits.
Quand au système de jeu, il est d’une simplicité confondante: chaque joueur dispose de son propre set de 9 cartes. Chaque carte possède un numéro (de 1 à 9) et une action (mise en scène par les pinceaux du talentueux Vincent Dutrait). Chacun choisit une carte simultanément. Le plus petit numéro fait l’action de sa carte, le plus fort dispose ensuite d’un nombre de points d’action égal à la différence numérique entre les deux cartes.. puisqu’on vous dit que c’est simple !!
Mais plutôt que de longs discours, Matagot nous a fait la surprise d’une explication détaillée des règles, en quelques minutes, sous forme d’animation 3D.
La voici en Français
And here it is in English !
Une mécanique simple, une thématique forte, un jeu rapide (et violent… c’est quand même des Raptors qu’il faut affronter, pas des poulets de bresse), atypique et asymétrique, le tout avec de superbes illustrations et des figurines qui renforcent encore un peu plus l’immersion thématique.. moi je craque.. et vous ??
Bonus numéro 1:
A l’initiative de Matagot, nous nous sommes amusés à tourner une sorte de bande annonce, façon film des années 60. Le film est encore en cours de montage, mais autant partager quelques images…
i’ve got a bad feeling…..
Bonus numéro 2:
Ce jeu a un histoire assez étonnante. Il y a quelques années, Bruno Faidutti est contacté par un éditeur possédant les droits d’exploitation du Hobbit (on est à un an de la sortie du premier film). Cet éditeur souhaite publier un jeu à deux joueurs sur cette thématique. Bruno m’appelle pour me proposer de travailler avec lui sur le sujet. Et c’est parti..
En fait, je commence d’abord par lire (ou plutôt survoler) le livre. Il faut dire que j’ai détesté le seigneur des anneaux. Pas l’histoire (j’ai adoré les films). Mais le style littéraire. J’ai essayé une première fois vers 15 ans, une seconde vers 25 ans, une dernière vers 35 ans. Et à chaque fois j’ai abandonné en cours tellement j’ai trouvé ça chiant. Des pages entières de descriptifs sans fin… presque pire que du Balzac, c’est dire !
Heureusement, le Hobbit c’est beaucoup plus facile à lire (je crois avoir entendu que Tolkien l’a écrit pour ses enfants). Et dans ma lecture en diagonale, je tombe sur l’épisode de Mirkwood. Le hobbit, accompagné par les nains, se retrouve aux prises avec des araignées géantes. Une situation tout à fait adaptée à un affrontement asymétrique entre deux joueurs dans un cadre thématique fort. J’en parle à Bruno, et c’est parti. Le système de jeu se met en place sur la base des deux decks de cartes comme décrit plus haut. L’un des joueurs est aux commandes du Hobbit et des nains. Les nains sont emprisonnés par les araignées, et il faut les délivrer et les faire fuir. Pour l’adversaire, il faut réussir à capturer le hobbit, ou emprisonner tous les nains. Une stratégie de fuite contre une stratégie d’encerclement. Nous sommes très contents de notre prototype, que certains ont d’ailleurs pu apercevoir, et même essayer lors de salons comme Cannes par exemple.
Mais le chemin de l’édition est parfois bien tortueux. Et ce projet issu d’une demande spécifique d’un éditeur ne verra finalement jamais le jour.
Enfin.. pas sous cette forme. Parce qu’on aimait beaucoup notre système de jeu et qu’on y croyait, on a commencé à réfléchir quelle autre histoire nous pouvions raconter. Pendant plusieurs mois, encéphalogramme plat. Il faut dire qu’il n’est jamais aisé d’avoir un oeil neuf sur un projet sur lequel on a passé des heures et des heures.
Et puis une nouvelle idée a vu le jour. Et si finalement on renversait le rapport de forces ? Dans Mirkwood, on a « les gentils » (hobbit + nains) qui sont entourés et oppressés par les méchants (les araignées). Et si on faisait l’inverse ? Les « méchants » (des Raptors, c’est pas méga-sympathique, non?) se retrouvent encerclés par des « gentils » scientifiques.. Ce renversement du rapport de force nous a alors permis d’avoir le nouveau regard nécessaire. Il nous a évidemment obligé aussi à revoir une partie des cartes pour s’accorder avec la thématique. Mais il ne s’agissait alors plus que de prendre le temps nécessaire au développement et à la recherche des équilibres liés à ce nouveau contexte.
