2 mars 2015
Voilà.. Cannes, c’est fini.. pour cette année.
Une année riche en émotions puisque j’avais la chance d’avoir eux jeux en compétition pour les As d’or.
J’avoue volontiers que je suis parti avec quelques espoirs. Abyss et Five Tribes ont l’un et l’autre fait une apparition remarquée sur le marché des jeux de société. Mais en même temps, je n’étais pas serein: en effet, jamais la liste finale des nominés n’aura été aussi « dense ». Dans sa catégorie, chaque jeu était légitime pour l’obtention du prix final.
Ainsi, si l’on prend en considération le « Grand prix », qui récompense le jeu pour les joueurs aguerris, Abyss et Five Tribes avaient face à eux Deus de Sebastien Dujardin (j’y ai joué et c’est vraiment excellent, bravo Sebduj… quel parcours…), et Dead of Winter (je n’y ai pas joué mais en ai lu beaucoup de bien, et connais bien aussi les attraits de la famille des coopératifs avec félon)
Bref, j’étais un peu tendu et lorsque finalement c’est Five Tribes qui est sorti de l’enveloppe (bon, je sais, il n’y a pas d’enveloppe), j’ai été aussi heureux qu’ému.
Une émotion que j’ai eu un peu de mal à contenir sur scène, d’ailleurs. J’ai tenté de bredouiller quelques phrases maladroites, avec le sentiment désagréable que les bons mots ne venaient pas, en en plus pas dans le bon ordre. Désolé..
C’est ainsi que j’ai réussi à expliquer que Five Tribes avait été fait en une semaine, ce qui peut paraitre d’un prétention incroyable, mais qui est vrai.. et faux à la fois. En fait, le chiffre qui représente le mieux ce jeu, c’est le chiffre 2 !
2 pour deux soirées test, distantes d’une semaine. Lors de la première, je teste une idée qui m’est venue le matin même, sur un petit bout de proto de rien du tout. Un jeu à deux. Rapide, malin, efficace. Que j’aurai pu tenter de faire éditer en l’état. Mais mon intuition me susurrait qu’il y avait mieux à faire. Alors en une semaine j’ai monté un projet plus ambitieux sur cette idée. Un multijoueur. Plein de matériel. Et donc, une semaine plus tard, lors de ces premiers tests, un jeu qui fonctionne déjà très, très bien. Addictif au point d’enchainer des parties malgré un équilibrage encore à améliorer. A l’issue de cette soirée, le système de jeu ne bougera plus. Rien à ajouter. Rien à enlever. Juste des réglages à faire.
2 pour deux mois: au rythme d’une soirée par semaine, tout le réglage paramétrique (nombre de tuiles, puissance des effets, etc etc) aura été calé. Un énorme merci à toute ma bande de potes et testeurs d’Annecy (Xseb et Matinciel en tête… et tout particulièrement à Maël, mon fils, qui se sera investi la tête la première dans ce projet… et il a des bonnes idées, le cochon !!)
2 pour 2 ans: une fois un jeu signé chez un éditeur, il faut…. attendre. Une année entière d’abord, avant de démarrer réellement les travaux d’édition (il faut attendre que le jeu précédent soit terminé), et encore une année à bosser avec eux cette édition, et à courir les festivals en France, Italie, Allemagne, USA pour présenter le jeu en amont de sa sortie, puis en accompagnement de cette sortie. Un travail d’équipe (merci vraiment à toute l’équipe de DOW, qui a mis toute sa passion et son savoir faire pour donner le meilleur à ce projet). Un travail qui, mené en parallèle de celui sur Abyss, sortant sur le même planning, m’a aussi épuisé. Physiquement. Moralement.
Du coup, quand Hélène Graveleau a prononcé « et le vainqueur est… Five Tribes », c’est tout ce parcours, la fatigue, les potes d’Annecy et de dow, mon fils, toutes ces émotions mélangées qui sont remontées d’un bloc comme ça, et m’ont submergé. J’ai eu beaucoup, beaucoup de mal, à retenir quelques larmes.
Bref, je suis heureux, très heureux de recevoir cette distinction. Merci. Vraiment.
Merci aussi pour tous ces témoignages que j’ai reçus sur le salon, en live, ou sur twitter ou Facebook. Hallucinant. Plusieurs centaines de messages, souvent de gens que je ne connais pas ou peu. C’est très agréable. J’ai tenté de répondre à tous. Si j’en ai oublié, et bien je profite de cet article pour les remercier aussi de leur chaleureux soutien.
