Créer des jeux… mais pourquoi donc

Depuis 2002,  j’ai la chance de voir certains de mes jeux publiés. Mais si j’ai finalement commencé tardivement à créer des jeux de société, le lutin créatif qui sommeille en moi a cherché depuis bien longtemps déjà à s’exprimer publiquement. Bande dessinée, musique, chansons, textes, peinture, depuis l’enfance, je me suis frotté sérieusement à toutes ces disciplines, et c’est finalement au travers de la création de jeux que j’ai réussi à ouvrir la porte vers les autres.

Issu d’une formation scientifique et mathématique des plus rigoureuses, qui ne laisse guère de place dans les cursus universitaire tels qu’ils sont faits, à la rêverie et à l’improbable, j’ai eu tout au long de ces années l’occasion de bien souvent m’interroger sur cette force latente et puissante me poussant sur le chemin de la création.

Cette introspection m’aura amené, au fur et à mesure des années, à comprendre et accepter les motivations profondes de ce chemin.

Ces motivations sont chez moi au nombre de trois :

Une capacité à l’ennui des plus désastreuse

Depuis tout petit, je m’ennuie hyper facilement. Vraiment. Seul, bien sûr, mais même en compagnie de proches (famille ou amis) que j’apprécie, et même aussi pendant mes études, et également au boulot. J’ai alors encore plus le sentiment de solitude, à l’intérieur du groupe. Alors pour échapper à cela, aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours raconté des histoires. M’inventant des histoires improbables dont je suis parfois le héros (souvent malheureux), ou dans lesquelles je ne suis que spectateur neutre. Cette capacité à l’ennui aura donc été chez moi un formidable vecteur de création d’histoires, que, maintenant, le jeu me permet de mettre en scène.
Ennui

Le besoin de plaire / timidité

J’aime bien l’enfant que j’ai été, l’adulte (enfin.. ça reste à prouver..) que je suis devenu. Et pourtant, j’ai toujours douté de ma capacité à plaire. Ce doute, si profondément ancré, est un des moteurs de mon besoin de m’exposer publiquement : Lorsque je monte sur scène au théâtre, ou bien lorsque l’un de mes jeux paraît en boutique, le retour de dizaines de personnes qui ne me connaissent pas personnellement est directement mesurable, que ce soit au travers des réactions de la salle pour le théâtre, ou bien au travers des témoignages sur le net et les salons pour le jeu. Et comme paradoxalement je suis de plus viscéralement timide, la création de jeu devient pour moi un moyen d’entrer en communication avec tant de personnes que je n’aurai jamais osé aborder sans cela.
timidité

Peur de la mort

L’éphémère de la vie est pour moi juste.. insupportable. Je crois bien qu’il ne se passe pas une journée sans que j’y pense. Créer est pour moi un moyen de contourner l’obstacle, en laissant une trace. Une trace dérisoire, éphémère elle aussi, c’est clair, mais qui me survivra au moins quelque temps. Et imaginer que quelques années après ma disparition, des inconnus auront peut être encore du plaisir à partager des moments ludiques autour de mes jeux, imaginer que deux ou trois génération plus tard, des descendants auront une trace de cet arrière grand-père qu’ils n’auront pas connu, et bien tout cela me réconforte…au moins un peu ! Et puis… décider soi-même des règles du jeu…. C’est aussi refuser celles qui nous sont imposées par le jeu… de la vie ! 😉
mort

Au final,

la création, finalement ludique, n’est pas pour moi un simple hobby dans lequel j’ai eu un peu de réussite. C’est un chemin de vie, mêlant des réponses à mes angoisses et besoin de communiquer avec les autres, besoin.. d’être aimé, tout simplement.